MUTUALISER LA FAUCHE POUR S’ASSURER UN DÉBIT ÉLEVÉ

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Un groupe de fauche en service complet opère à la CUMA de Dèzes depuis 2019. Le temps-homme dégagé et le faible coût de la prestation donnent satisfaction aux six adhérents. Source : Paysan Tarnais

Fenêtres météo parfois raccourcies, souhait de faucher au bon stade rater : la réussite des stocks de fourrages passe aussi par un débit de chantier élevé. Partis de ce constat, des éleveurs du Ségala ont investi dans une faucheuse papillon de 9 m. Pour gagner du temps, ils ont embauché un chauffeur qui a été renouvelé pour la campagne 2020 au sein d’un groupement d’employeur composé de quatre exploitations et de la Cuma de Dèzes.

UN PROJET COLLECTIF

Lionel Decuq, adhérent du groupe, souligne l’apport de ses compétences par les adhérents pour le choix de la machine, l’entretien ou l’organisation. La réussite tient aussi dans les profils plutôt similaires : « Nous sommes des quadragénaires qui ne peuvent plus bénéficier de l’aide des parents, âgés ou décédés, précise l’éleveur de Montirat. Notre temps pour la famille et les enfants doit être préservé. Alors, avec aussi du matériel de fauche vieillissant, nous avons décidé de mutualiser. » Le projet de service complet a ainsi été bâti sur un pilier social et un pilier mécanisation. Cet exemple unique dans le Tarn à ce jour ne souffre d’aucuns reproches pour Sébastien Jalby, conseiller agroéquipements à la FD CUMA 81. D’autres départements très bien équipés, comme la Lozère ou l’Aveyron ne trouve pas toujours un facteur déterminant : l’organisation ! Sur ce point, la Cuma de Dèzes a réussi dès le départ. « On aimerait voir plus de groupes de ce type ! », commente le conseiller de la FD CUMA.

LE SOUCI DES AUTRES

Pour maintenir le débit de 4 ha/h, il faut réduire le risque d’avarie. Ainsi, chaque adhérent a détouré trois passages en 2019. « En discutant, nous avons estimé qu’un seul passage suffisait, explique Lionel Decuq. Cette année, les adhérents font les bordures avant ou après le papillon de 9 m. Il reste toujours à l’écart d’éventuels barbelés, vieux piquets ou branches. » La continuité du planning de fauche prime. Les ordres de passage sont généralement inversés au fil des coupes pour éviter qu’un adhérent soit tout le temps le dernier. Si les premiers chantiers prennent du retard, il est prévu que les adhérents diminuent leur demande de quelques hectares. « Face à ce cas de figure, il suffit que tout le monde retire une ou deux parcelles pour que le tracteur de la Cuma passe chez tout le monde, précise Lionel Decuq. Cette intelligence collective fait qu’en cas de foin mouillé pour un membre, on pourra s’échanger des bottes de foin. » La mesure n’est pas inscrite dans leur règlement intérieur mais Sébastien Jalby précise qu’il est possible de le faire.

MOINS DE 30 €/HA

Le conseiller Cuma pointe un autre point fort qui « découle de la mise en commun du salarié (sous forme d’un groupement d’employeur) et du tracteur de la CUMA du Garric. Ce dernier ne tournait pas trop en période de fenaison. L’augmentation des heures travaillées font baisser le coût pour tous les utilisateurs sans avoir à investir dans un tracteur neuf pour le groupe de fauche. » Le service complet engendre aussi une baisse des frais sur l’équipement qui est connu sur le bout des doigts. Ce qui n’empêche pas d’anticiper financièrement l’entretien et les pannes. La FD CUMA 81 le recommande.

« Le tarif du service complet approche les 30 €/ha avec le carburant. C’est 25 à 30 % de moins que les tarifs en ETA mais le but n’est pas de leur prendre des parts de marché, rappelle Sébastien Jalby. Un groupe de fauche aide ses adhérents à optimiser leur temps et à gagner en souplesse. Ce renforcement à l’échelle locale sécurise les éleveurs et leurs autres tâches face à l’aléa avec une meilleure utilisation des fenêtres météo. » Les 420 ha réalisés en 2019 par les six adhérents représentent un volume de travail pertinent.

À QUAND LE 2ND GROUPE ?

Les nombreux atouts, dans le cas d’une organisation bien pensée, ne sont pas contrariés par la dépense liée à la prise de force avant. « Elle est notable, admet Sébastien Jalby. Mais elle sera remboursée par l’utilisation. Certaines cuma anticipent ce besoin lors du renouvellement de tracteurs dont la puissance est compatible. » L’achat d’un automoteur de fauche ? Le conseiller pense qu’il « peut se réfléchir en inter-cuma mais les surfaces nécessaires et les calendriers seraient plus compliqués à concilier sans trop de risques. » Sans tirer de conclusions hâtives, Lionel Decuq estime que le contexte climatique de 2019 a démontré la performance du groupe de fauche : « Malgré les pluies répétitives de l’an dernier, tous les adhérents ont réussi les foins. Ils ont été faits en trois week-ends et c’est vraiment lié au débit et à l’esprit de groupe. » Après une 1ère coupe 2020 réussie, les prochaines fenêtres météo pourront être courtes ; elles n’entameront pas la sérénité des adhérents.